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Tai Chi 28/06/2022

Les origines du tai chi chuan

Sur les routes de la soie et celles de la diffusion du bouddhisme, arts martiaux, principes ascétiques monastiques et médecine traditionnelle se rencontrèrent pour donner naissance à diverses formes de kung-fu, dont le plus connu reste à ce jour celui des moines bouddhistes de Shaolin.  

En Chine, kung-fu signifie « acquisition d’un savoir par un travail assidu » et s’applique à toutes sortes de connaissances, telles que le thé ou la calligraphie. On parlera donc plus spécifiquement de Wushu pour désigner les arts martiaux chinois.


Dans un texte de 1669,  on trouve la première référence à une boxe de l’école interne (Nei Jia). Ce récit met en scène un héros taoïste du XIIème siècle qui, observant le combat d’un serpent avec un oiseau, posa les bases de cette boxe et vécut plus de deux cent ans. Depuis lors, on distingue en Chine le kung-fu externe qui fait appel à la force brute, du kung-fu interne pour lequel la souplesse l’emporte sur la rigidité et la douceur sur la force. C’est à cette deuxième catégorie qu’appartient le tai chi chuan. S'écrit également Taiji Quan.
 
Ce que l’on sait vraiment : il y a 400 ans, dans un village du centre de la Chine, connu aujourd’hui comme Chenjiagou, était pratiquée au sein de la famille Chen une boxe qui allait donner naissance au tai chi chuan. Ce kung-fu avait une vocation guerrière, mise au service des garnisons impériales ou plus communément pour se protéger des pillards.

 

Imprégné de principes taoïstes, les notions de Yin et de Yang, le terme de tai chi chuan signifie « boxe du faîte suprême » ou encore « le poing soutient la voûte céleste ».
Mais ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que cette discipline devint populaire auprès des élites impériales en la personne de Yang Luchan : l’histoire raconte que la boxe Chen n’était pas enseignée aux étrangers mais qu’à force de ténacité, le jeune Luchan parvint à se faire accepter comme disciple par Chen Chanxing.
Remarqué pour ses prouesses guerrières, il fut introduit auprès des élites impériales qui contribuèrent à la théorisation et à la popularisation du taiji quan, à commencer par lui donner un nom. Toutefois, instrumentalisé par le pouvoir en place, adapté aux attentes d’une élite intellectuelle, ce taiji quan devait s’éloigner du modèle original pour devenir le taichi de l’école Yang, la plus connue actuellement.
Devant le succès grandissant du tai chi chuan, à la suite de Yang Luchan, deux maîtres issus du village de Chenjiagou (Chen Fake et Chen Zhao Pei) gagnèrent Pékin puis les grandes villes chinoises, pour s’affirmer comme les détenteurs de la technique originelle du taiji quan, le style Chen. De la même manière qu’on dénombre de multiples styles de kung-fu, il existe désormais une grande diversité de styles de tai chi chuan : Chen, Yang, Wu, Wu Hao, Sun, etc.

Mais sous la République Populaire de Chine, c’est le style Yang, simplifié et standardisé, qui fut enseigné aux masses comme pratique sportive d’utilité publique tandis que les arts martiaux traditionnels étaient interdits. En effet dans les années 1950, le Grand Bond en Avant et la collectivisation des campagnes mirent un coup d’arrêt au développement des arts martiaux en Chine : le pouvoir communiste interdit les traditions, les campagnes furent frappées de famine, les tenants de la culture persécutés, si bien que la pratique du tai chi chuan ne put se perpétuer que de manière clandestine jusqu’à presque disparaître du village de Chenjiagou. La quasi-totalité des maîtres Chen resta dans les grandes villes du pays, où les conditions de survie étaient à peine meilleures qu’à la campagne.

A la fin des années 1970, les gouvernements provinciaux revalorisèrent les centres historiques du wushu tels que Shaolin et Chenjiagou, si bien que les arts martiaux purent à nouveau prospérer et se démocratiser. La nouvelle génération de maîtres Chen fut rappelée à Chenjiagou en la personne des « Quatre Bouddhas du tai chi chuan » :
Chen Xiaowang, Chen Zhenglei, Wang Xian et Zhu Tian Cai, nés dans les années 1940, furent instruits à Chenjiagou par leurs oncles Chen Zhao Pei (18ème génération de maîtres) et Chen Zhao Kui (1928-1981). A ce jour, ils continuent à diffuser le style Chen à travers le monde.

 

Mais d’autres membres de la famille Chen ont perpétué le style Chen et parmi eux le grand-maître Chen Quanzhong. Dans les années 1940, sa famille quitta Chenjiagou pour s’installer à Xi’an, ville chargée d’histoire qui fut la capitale des premières dynasties impériales. Né en 1925, Chen Quanzhong est le plus ancien grand-maître de taiji quan à l’heure actuelle. Il a forgé son art auprès de maîtres de la 16ème, 17ème et 18ème génération. Son fils et sa petite-fille, Chen Xi Peng et Chen Xuejiao, sont les grands-maîtres auprès desquels j’ai la chance de me former à cet art martial ancien qu’est la boxe de la famille Chen.

Lorsque l'on tente d'écrire une histoire du tai chi chuan, il est difficile de débrouiller ce qui relève de la légende, des faits historiques ou de l'œuvre de propagande. La version que je vous livre reste donc à parfaire et à compléter mais a été écrite avec les meilleures intentions d'objectivité historique. Dans les chapitres suivants, je tenterai de décrire en quoi consiste cet art martial et de mettre en scène sa rencontre avec le surf !!


Le style Chen est sans doute, de tous les styles de taichi, celui qui est resté le plus fidèle à la gestuelle martiale. On y trouve une alternance de mouvements lents et de mouvements explosifs, même si la technique d'apprentissage repose essentiellement sur une gestuelle calme et tout en fuilidité.

 

D'autres partiquants martiaux s'intéressent d'ailleurs aux apports de cette discipline qui respecte l'intégrité physique du pratiquant et peut se pratiquer jusqu'à un âge avancé.

 

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