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Actus 28/08/2023

Seignosse surf 2023

Par où commencer ? Je suggère de laisser parler la plage elle-même.

 

Je suis une plage sauvage de Seignosse qui subit les effets du réchauffement climatique et des expérimentations humaines. Hausse des températures, semaines sans vagues au mois de mai, nouvelles espèces marines, érosion aggravée par le ramassage mécanique des déchets sur la plage par des tracteurs, pullulement de chiens qui dérangent mes oiseaux migrateurs, ballet de gros pneus électriques, il y a même des bipèdes à moto qui labourent la dune en toute illégalité. Néanmoins, je reste sauvage car je suis éloignée des commerces et lieux de restauration, Seignosse reste un village entouré de forêts, loin des centres urbains du Pays-Basque.

 

En tant que plage, ma saison préférée est l'hiver lorsqu'il y a peu d'activités humaines, mon océan déchaîné et des régimes de vent violents chassent les bipèdes et leurs amis quadrupèdes, même le tracteur préposé à mon nettoyage cesse de me ratisser les flancs journellement, les oiseaux migrateurs peuvent retrouver quelque pitance et lieu de ponte.

 

Lorsque le printemps s'est installé cette année, je sculptai un joli banc de sable juste dans la descente du parking pour que mon école de surf préférée puisse sensibiliser ses élèves à la protection de mon fragile équilibre et les aider à comprendre mon caractère changeant. Comme chaque année, de nouvelles écoles de surf s'étaient créées alors qu'il y en avait déjà bien assez, mais les homosapiens aiment bien aller tous dans la même direction, sans vision d'ensemble. En tout cas, la plage était quasi déserte, je me sentais en relative symbiose avec les bipèdes.

 

Et puis l'été arriva et je dessinai un immense banc de sable à quelque distance à pied pour les surfeurs méritants. A toutes les marées, je faisais rouler sur mon dos des vagues idéales pour l'apprentissage et j'étais si vaste et généreux que les élèves de la Ki Surf School trouvaient toujours un espace où évoluer en tout quiétude. Excepté quelques poussées de colère, à 3 reprises des vagues énormes, les apprentis surfeurs purent apprendre à chevaucher de petites vagues parfaites.

 

Les matins étaient toujours aussi calmes et magiques que par le passé. C'est le moment idéal pour se sentir vraiment dans la nature, les parkings sont vides, la plage est rendue à elle-même, la lumière transforme la nature en un tableau vivant.

 

En tant que plage, je m'entends bien avec Ki Surf School car, l'un comme l'autre, nous ne sommes pas du tout dans le délire du tourisme de masse et de l'exploitation outrancière de la ressource. On est plus dans le contemplatif, l'admiration des cycles immémoriels de la nature, l'horizon infini nous ramène à notre insignifiance et nous n'en retirons aucune amertume, au contraire.

 

Je crois que les élèves d'Eric partagent sa vision du surf, vécu comme un acte hédoniste de symbiose désintéressée avec la nature. En tout cas, je constate qu'ils prennent goût à cette activité, qu'ils comprennent mes différents états, qu'ils acceptent de n'être pas dans un rapport de force avec l'élément mais de se plier à un ordre de la nature en se conformant au cycle des marées et des variations climatiques. De sorte qu'il sont chaque année un peu plus autonomes. Des hommes de l'eau salée.

 

L'automne arrive ensuite, les Landais qualifient cette période d' « été indien » car généralement les températures restent douces jusqu'aux portes de l'hiver. La houle commence à grossir plus fréquemment, les régimes de vent sont favorables à la formation de vagues plus régulières, tous les surfeurs européens migrent dans leurs vans, leurs Airbnbs ou dorment sur la plage dans la lumière des phares du satané tracteur chargé de ramasser tout ce qui traîne sur mon dos, jusqu'au bois flotté qui jadis m'appartenait.

 

Très peu d'orages et de pluie, je crois que la saison surf a déjà été excellente pour la Ki Surf School et ses élèves !

 

 

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