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Surf coaching 20/06/2022

Quelles configurations d’ailerons choisir pour ma planche, part 2

Énumérons les principales configurations d’implantation suivant leur ordre d’apparition historique

Par JF Iglesias, responsable Recherche et Développement de FYN Surf 

 

Le SINGLE


Pour diriger leurs longboards sans dérives, les surfeurs de l'époque (1930-1940) plongent brièvement le pied dans l'eau pour faire virer la planche. Mais le besoin de prendre appui pour contrôler la trajectoire sans déraper est bien réel.


                                               
On peut attribuer l'invention de la dérive de surf à Tom Blake en 1934. L'implantation de cet aileron révolutionne le surf en autorisant des figures impossibles auparavant, il permet de stabiliser la trajectoire et de prendre un meilleur appui sur le rail tout en créant un pivot arrière pour virer et changer de direction.
Mais malgré son indiscutable efficacité, cette innovation proposée par Blake en 1934, prend du temps à être adoptée du fait de sa relative difficulté d'implantation et le danger qu'elle constitue aux yeux des surfeurs de l'époque. Ce qui est amusant avec le recul c’est que cette notion de danger est devenue naturelle, et que les ailerons à bords souples sont délaissés par la grande majorité des surfeurs d’aujourd’hui, craignant davantage d’entailler leur image de guerrier invincible plutôt que leurs corps désarmé.

                                             Aileron 1935

De 1935 à 1960 la hauteur de l'aileron ne cesse d'augmenter, le point d'appui est de plus en plus efficace et permet des virages de plus en plus serrés, la radicalité du cut back et du bottom turn sont liées à cette évolution.

                                              Aileron 1960

Le single de 1960 atteint une limite qu’il ne peut franchir lorsqu’il est implanté au centre de la planche, la ventilation.

Le TWIN


Bob Simmons propose le twin en 1949 pour éviter la ventilation des ailerons centraux trop courts :

Avec la configuration de Simmons, même si un aileron sort de l’eau et ventile à cause d’une paroi de vague très verticale, ou d’un virage entrainant un fort roulis, l’aileron sous l’eau prend le relais, il faut un aileron pour les 2 côtés de virage rencontrés dans les trajectoires du surf. Le twin de Simmons a des implantations quasiment parallèles. Un léger angle de toe prend en compte le fait que le flux d’eau arrive de côté lorsque l’on surf une vague dans sa zone verticale. Les planches des années 70 deviennent de plus en plus courtes, au fil du temps, leur maniabilité est augmentée de ce fait, et les virages deviennent donc de plus en plus radicaux. Les virages engendrent une variation de direction de flux sur les dérives :

Pas de virage : direction vers la plage, l’eau arrive parallèle a l’axe de la planche.  Le mouvement de rotation du surfeur, engendre une variation de direction de l’eau sur les dérives pendant le virage.


Plus le mouvement de rotation est radical, et plus la vague est verticale, plus l’angle de l’eau arrivant sur les dérives est important. Lorsque l’angle d’attaque du fluide est trop important, sur aile, comme sur aileron de surf, l’efficacité chute brutalement, c’est le décrochage. C’est dans la phase de virage la plus prononcée que ce décrochage intervient.

 



La solution pour éviter, ou repousser le décrochage, est de diminuer l’angle entre l’eau et l’aileron. Ceci se fait en implantant l’aileron avec un angle compensé pour les virages radicaux, c’est l’angle de Toe (pincement des dérives qui « louchent » vers l’avant de la planche). Le Fish des années 70, prévu pour jouer dans des petites vagues avec des virages radicaux, augmente les angles de Toe, et avance la position des ailerons pour les rapprocher du centre de gravité du surfeur et générer de la maniabilité. Mais ceci se fait au détriment de la stabilité et devient difficile à gérer dans les vagues de taille plus importantes ou la directionnalité est un gage de tranquillité.

 

Le THRUSTER

 


La solution pour concilier le plaisir de la maniabilité du twin et la directionnalité apaisante du single, est apportée par la configuration truster. Cette configuration c’est largement imposé au fil des années.
Mais le défaut d’une configuration avec des ailerons ayant des angles de Toe antagonistes est un freinage plus élevé qu’avec des angles de toe parallèles.
Sur le Fish, joueur dans des petites vagues creuses, le bon surfeur sort l’aileron antagoniste de l’eau le plus souvent possible, et accepte de subir un freinage dans 90 pourcent du temps de ses trajectoires ou il a les 2 ailerons dans l’eau, mais comme nous l’avons dit, le surfeur de Fish est joueur et ne cherche pas la performance de rapidités, c’est un esprit « skateur ».



Pour le thruster, c’est trois angles de toe différents et la volonté de surfer des vagues parfois puissantes et rapides, la performance dégradée par le freinage d’ailerons avec des angles mal accordés peut être une limite lorsque la vagues est très rapide, grosse et jette sa lèvre et le surfeur en retard sur un parterre de coraux.

 

 

Le QUAD

 


Pour les surfeurs exigeants et de haut niveau, surfant des vagues très creuses et rapides, il peut y avoir un intérêt à placer un aileron avancé proche du rail pour ne pas ventiler et avoir de la maniabilité, et un autre aileron proche du rail aussi pour ne pas ventiler, et avec un angle de toe relativement proche de son copain de devant pour éviter de créer trop de freinage.  L’aileron latéral en arrière apporte une directionnalité stabilisante dans les puissantes vagues ou l’erreur de trajectoire se paye cher ! Cette configuration est avantageuse pour des vagues très rapides et très verticales, impliquant qu’uniquement deux ailerons soient immergés, et que les ailerons antagonistes soient hors de l’eau.

Ce type de configuration 4 ailerons trouve son application dans les vagues d’exceptions surfées par des surfeurs d’exception !
Mais elle peut avoir aussi son utilité pour créer une configuration de twin, modifiables suivant les conditions de surf, et passer de la configuration twin Fish avec forts angles de toe et ailerons sur l’avant, pour créer une grande maniabilité et un caractère très joueur, et ensuite passer sur un twin type Simmons avec les ailerons reculés et quasiment parallèles et ainsi proposer une planche rapide dans les vagues creuses. Les emplacements seront donc utiles mais pas tous utilisés en même temps. C’est certainement l’emploi le plus utile de cette configuration pour 90% des surfeurs.

 

Le FIVE

 


Comme le quad mais avec une possibilité de configuration en thruster ou single, cette configuration est parfaite pour les surfeurs désireux de tester les meilleures configurations en fonction de leur humeur et type de vague du jour. Le surfeur demandant ce type de configuration à son shaper a sombré du côté expérimentations des forces , il est probable qu’il ne puisse jamais en revenir car cette quette est sans limites !

 

Le DUO

 


Nous avons vu que le single trouvait sa limite lorsque la radicalité des virages ou la verticalité de la vague conjuguée à la rapidité de la section, impose d’utiliser des ailerons plus proches du rail pour limiter la ventilation et la perte d’accroche. La configuration duo permet de se rapprocher du rail pour ne pas ventiler lorsque le centre de la planche sort de l’eau, tout en conservant des ailerons parallèles, pour ne pas perdre de vitesse à cause des angles de toe antagonistes freinant. En gardant le centre de portance proche du centre de planche, l’effet de devers est limité, et l’immersion du rail est plus facile, c’est une configuration intéressante pour des vagues relativement lentes demandant une grande surface d’ailerons, et un surfeur désireux de fortement enfoncer le rail dans des carves ou il risque de sortir l’aileron central de l’eau.

 

Le FYN LINE

 



Lorsque le single n’offre plus assez de portance dans les vagues qui ouvrent sans générer de grandes vitesses, une plus grande surface d’aileron peut s’avérer nécessaire. Mais la volonté de conserver des appuis de rails optimum en limitant le devers au maximum impose une position centrale du centre de portance de l’aileron. Cette configuration est applicable uniquement avec des ailerons dynamiques, qui évite de bloquer la maniabilité grâce a leurs angles de Toe dynamiques adaptables.

Maintenant que nous avons une idée de ou mettre nos ailerons, voyons leurs caractéristiques dans une troisième partie...

 

 

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