Une nouvelle association a vu le jour, l'APBEM.

A l'instar d'autres organisations de protection environnementale, c'est d'abord un petit groupe d'amis qui est à l'origine de cette association. Des surfeurs plus exactement. Leur constat : au fil des ans, à l'instar du Dodo de la Réunion, de la puce de mer landaise et de certains mammifères marins, c'est aujourd'hui une nouvelle espèce qui est menacée d'extinction sur la côte aquitaine, le Bonjour !

 

Domestiqué par l'homme depuis la nuit des temps, sur les spots de surf français, il est pourtant devenu bien rare.


 

Voici le témoignage de Miki Dorade membre fondateur de l'association :

 

"J'ai beaucoup voyagé, notamment en Afrique, où les gens sont extrêmement sociables, se parlent, se sourient, évidemment se saluent. Cela crée un écosystème épanouissant, dans lequel le Bonjour occupe une place prépondérante. Je suis retourné vivre en France, plus précisément à Hossegor, dont je suis originaire et sur les trottoirs, le Bonjour avait complètement disparu. Mais ce qui m'a le plus étonné, c'est qu'il était boudé également par les surfeurs lorsqu'ils se croisaient à l'eau.

 

Je me suis donc prêté à une petite expérience, en prenant l'initiative de dire bonjour lorsque j'arrivais sur un spot à la rame. Mais très vite, ça a dérapé. Je saluais un surfeur et, une fois sur deux, j'obtenais en retour une bouche muette au milieu d'une face fermée, parfois légèrement méprisante ou hautaine. Du coup, alors que je venais tout peace and love, je reformulai mon Bonjour, cette fois-ci en hurlant. Là, on me répondait, mais en quelque sorte, contraint et forcé. Décidément, le Bonjour, créature douce et bienveillante, avait du plomb dans l'aile !

 

A d'autres occasions, le Bonjour était accueilli avec méfiance, comme une manœuvre pour aller piquer la priorité aux autres surfeurs. Il fallait presque se justifier ! Ou bien comme une faiblesse, la norme étant d'offrir au monde un visage dur et fermé, sorte de parade d'intimidation, un peu lâche, pour marquer le territoire. Aussi, le gentil porteur de Bonjour, se voyait-il opposer une face de raie, un langage corporel qui n'avait rien de très accueillant.

 

Je voyais bien que, seul, j'allai m'épuiser en une vaine croisade, j'ai donc échangé avec mes amis, eux aussi un peu attristés par le phénomène et nous avons décidé d’œuvrer collectivement pour réintroduire le Bonjour sur nos spots de surf".

 

 

Concrètement, qu'est-ce que vous faîtes de plus, collectivement, pour atteindre cet objectif ?

 

"Et bien, quand nous arrivons sur un spot de surf, nous expliquons notre démarche, pourquoi est-ce que nous disons bonjour, pourquoi c'est utile, l'idée de cercle vertueux qui commence par la politesse, ce genre de choses élémentaires que nous avons oublié au fil du temps. Nous privilégions l'action éducative.

 

Nous agissons aussi en amont, par des actions de sensibilisation dans les écoles, pour que les petits surfeurs apprennent la courtoisie et le bien vivre ensemble. Nous organisons également des campagnes d'affichage, nous montrons par exemple des photos de Bonjours mazoutés, parfois c'est un peu choc mais il faut faire réagir, éveiller les consciences".
 

Actions citoyennes

Gageons que les pouvoirs publics soutiendront cette association dans son action citoyenne, elle a d'ores et déjà comme partenaires de nombreuses organisations, la W're not arrogant froggies (WNAF), de même que la célèbre Surfwearfondation.

A l'occasion du ramassage de déchets sur la plage de Capbreton, le 24 juin, organisé par Surfwearfondation, l'APBEM procèdera au lâcher d'une cinquantaine de Bonjours. En espérant qu'ils ne se fassent pas flinguer sur le champ ! Pour se réacclimater, le Bonjour a besoin d'un environnement hospitalier, sinon il se sent en quelque sorte "ré-accompagné à la frontière" et ne revient plus.

 

Longue vie donc à l'APBEM, ou plutôt "Bonjour" !