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Surfers brain 12/05/2024

Secrets spots dans les Landes... et ailleurs

« Charte de préservation des vagues sauvages » est le titre que j'avais d'abord en tête, mais c'est moins accrocheur !

 

Soyons honnêtes, je viens juste d'inventer cette charte mais c'est ainsi que commencent toutes les idées et amorces de réflexion concertée.

 

Il n'existe quasiment plus, dans le monde, d'espaces côtiers naturels, préservés du bétonnage, du tourisme de masse et d'une forme d'uniformisation balnéaire dont fait partie le développement d'un tourisme surf. Les rares zones en dehors des radars sont en voie de disparition.

 

Cette charte vise à préserver ces espaces en disant stop au développement d'un business sans limites et sans conscience, à commencer par le business des écoles de surf, dont je fais partie.

 

Les écoles de surf sont les représentants d'un sport mais également, à mon sens, d'une culture. Dans cette culture, la massification des groupes de pratiquants, l'envahissement de zones de surf confidentielles (le fameux « secret spot »), la spoliation des espaces naturels sont à l'opposé de « l'esprit du surf ».

 

Pour prendre l'exemple du terroir surf composé par Capbreton-Hossegor-Seignosse, il existe une grande diversité de plages de surf balisées, du sud au nord, disons une quinzaine, qui offrent un vaste terrain de jeu aux surfeurs comme aux écoles de surf et à leurs stagiaires. Dans cette zone du sud landais, il existe quelques rares zones en dehors des sentiers battus, inaccessibles en voiture, que l'on peut désigner comme des zones confidentielles et qui échappaient, encore récemment, aux véhicules à moteur et au business du surf.

 

Une règle tacite parmi les écoles de surf de cette zone, excepté certains surfcamp que je ne citerai pas, s'interdisait d'organiser des cours sur ces plages naturelles, permettant ainsi aux free surfeurs de trouver un endroit préservé, tant il est vrai qu'en été, les écoles de surf occupent une grande partie de l'espace dédié au surf, sur toutes les autres plages.

 

Il y a l'embarras du choix pour trouver un spot sur Capbreton, Hossegor, Seignosse, personnellement, j'ai fait le choix de ne pas galvauder le terme de secret spot, de mener mon école de surf en préférant la décroissance à l'expansion infinie et de laisser les dernières zones sauvages tranquilles.

 

Néanmoins, la prolifération des créations d'écoles de surf ces 3 dernières années me fait craindre pour ces espaces protégés, de même que cette mode du vélo à gros pneus électrique qui permet de contrevenir aux interdictions de circuler avec engin à moteur sur la plage et par les sentiers. En effet, il est tentant pour le premier opportuniste commercial sans âme et conscience de marchandiser ces espaces à son profit, sans se soucier de la culture surf locale et des autres usagers de la plage.

 

Il en va de même de l'organisation de camps surf à l'étranger qui vendent du rêve en investissant des lieux en dehors des radars. Souvent, on entend comme justification : « si ce n'est pas moi qui développe le surf business ici, ce sera quelqu'un d'autre ». La vague, à présent que le surf, à travers le monde, ressemble de plus en plus à un sport de masse, est devenue une ressource rare, de même que les destinations confidentielles.

 

De mon côté, lorsque je découvre une destination vierge de toute « balnéarisation », avec son cortège d'hôtels, de restaurants, de barrières barbelées et d'immeubles, je garde cela comme quelque chose de précieux à conserver tel quel. On m'oppose le fameux, oui mais ça donne du travail aux habitants, et je rétorque que tout l'immobilier ou presque devient alors la propriété de ressortissants étrangers et que les habitants deviennent les domestiques de ces investisseurs. Quelques chanceux tirent leur épingle du jeu tandis que les ressources naturelles disparaissent dans la construction d'immeubles et l'alimentation de piscines.

 

Il n'existe presque plus d'endroits préservés, faut vraiment être un ignare avide pour ne pas respecter cela lorsqu'on se dit surfeur !

Je pense à tous ces petits ports de pêche qui sont devenus, au Maroc ou ailleurs, des carnavals du surf, avec leurs 200 surfeurs qui barbotent au même endroit et leur littoral recouvert de béton, endroits à jamais dépouillés de leur âme et de leur singularité.

 

On a le droit de ne pas être d'accord mais, je pense, à minima, l'obligation de se poser ce genre de question lorsqu'on est un opérateur touristique ou une école de surf. L'histoire d'une business surf/story ne devrait pas forcément ressembler à « Comment j'ai mangé mon spot, mon sport, sa faune et sa flore... », comme ce fameux écolodge, sur un autre continent, qui s'est monté sur une zone naturelle sensible de type lagune, sans grands états d'âme, en la recouvrant de bungalows.

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